Billet d'humeur

Billet d'humeur

Exigences et réalité

Il n’est hélas pas rare que les prêtres de la paroisse soient confrontés à des exigences particulières lorsqu’ils doivent célébrer des obsèques ou des sacrements. Il est bon de clarifier quelques points.

Depuis plusieurs années, nous sommes devant une réalité qui affecte les communautés chrétiennes du Pays basque : Les prêtres issus de nos familles sont de moins en moins nombreux, pour ne pas dire qu’ils sont rares ! Et ceux parlant le basque le sont d’autant plus. 

Comme d’autres régions, l’Eglise diocésaine de Bayonne accueille heureusement de nombreux prêtres étrangers, prêtés pour un temps limité par les évêques d’Asie ou d’Afrique. Et nous leur en sommes profondément reconnaissants. Parmi eux, et selon leur affectation,  plusieurs travaillent dur pour célébrer en basque. On ne peut qu’admirer leur bonne volonté et les efforts auxquels ils consentent pour un tel apprentissage en si peu de temps! 

Faut-il penser que certaines familles sont insensibles à l’application de ces prêtres pour exiger d’eux qu’ils prêchent aussi en basque, de façon que la célébration soit totalement en basque ? De telles exigences manifestent un manque de respect et de fraternité qui n’est pas digne de notre foi chrétienne. 

Il faut se rendre à l’évidence : Le manque de prêtres basques est la partie émergée d’un iceberg dont la partie invisible est bien plus importante. Si nos familles chrétiennes ne donnent plus les prêtres dont notre Eglise diocésaine a besoin, c’est que la foi n’y est plus vécue ni transmise. Pour le vérifier, demandons-nous quelles sont nos références chrétiennes dans notre vie de chaque jour ? Nous soucions-nous d’entretenir notre foi par la prière, la célébration des sacrements, de l’eucharistie et de la réconciliation en particulier, et la charité ?  Tant que nous ne répondrons pas sérieusement et sincèrement à ces questions, nous devrons accueillir avec reconnaissance les prêtres venus d’ailleurs (tant que leurs évêques nous les envoient !), sans exiger d’eux des efforts que nous ne sommes plus capables de réaliser nous-mêmes. 

Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe d’être exigeants ou de nous comporter dans nos demandes comme si tout était comme avant ! Gardons les yeux ouverts sur cette réalité qui nous touche et nous touchera encore plus profondément dans les prochaines années. 

L’Eglise est missionnaire par nature et chacun y a sa place. Le Christ a besoin de tous. Le baptême et la confirmation nous donnent la responsabilité d’être acteurs dans l’Eglise et non simples consommateurs. 

Le temps presse où chacun doit s’impliquer en se demandant ce qu’il peut apporter et non exiger pour que l’Evangile continue d’être annoncé et accueilli auprès des générations nouvelles, dans nos familles et dans nos villages. Sans le témoignage et l’engagement concret de tous les baptisés, habités et encouragés par l’Esprit du ressuscité, ce sera bien difficile. Il n’est jamais trop tard pour nous réveiller et inverser la courbe de l’histoire !

p. Dominique Errecart, curé